Formes de détail

Comme je l’ai déjà évoqué, des formes décoratives élaborées sont extrêmement rares; dans de nombreux cas, il convient de parler plutôt d’éléments de décoration.

Les formes sont, par principe, traitées très sobrement, et il est en outre irritant que certains détails n’aient pratiquement pas connu de changements sur de longues périodes. Ainsi trouve-t-on des exemples de portes rectangulaires coiffées d’un tympan arqué aussi bien sur des bâtiments du 12e siècle que sur des bâtiments du 13e siècle tardif (Allègre / Fressac après 1150, bâtiments d’habitation de Montclus après 1200, tour de Montclus vers 1275, Barjac dernier quart du 13e siècle).

La même chose est valable pour les consoles et corniches apparaissant fréquemment en relation avec des constructions d’arcs de voûtes ou de parement. Certains détails permettent cependant ici ou là une distinction, parallèlement au contexte architectonique global: en ce qui concerne la forme de porte mentionnée, des exemples plus anciens présentent des consoles latérales sous le linteau.

Ces consoles sont utilisées aussi pour des meurtrières défensives ou d’éclairage, construites au même moment (par ex. tour de Marcuel), mais n’apparaissent plus dans les bâtiments ultérieurs. Elles semblent avoir été en conséquence totalement remplacées par des clés de voûte arrondies ou coniques dans les grandes meurtrières (d’éclairage).


La forme de corniche de loin la plus utilisée possède un tore inférieur qui se transforme en gorge immédiatement au dessus. L’ensemble est ensuite terminé par une plaque de recouvrement rectangulaire.

Si le tore et la gorge forment une vague plutôt plane dans les exemples plus anciens, le corps de logis de Montclus, plus récent (vers 1275), présente un profil très accentué. Des consoles ou des corniches en surplomb moins prononcé, à plusieurs échelons, devraient dater du 13e siècle avancé (tour Nord de Sabran).


Des fenêtres élaborées ou des cheminées se trouvent malheureusement en si petit nombre dans les châteaux forts qu’on ne peut en tirer de conclusions que sous conditions.

Il est cependant possible de constater la même évolution que celle qui se dessine dans les nombreuses maisons citadines conservées et mieux explorées.

Des biforiums (fenêtre ogivale divisée en deux par une colonne centrale, NdT) romans précoces (après 1150) sont encore de dimensions modestes ; la forme est globalement trapue. S’il existe, le chapiteau de la colonne centrale est la plupart du temps grossièrement travaillé, ainsi par ex. à Génolhac.45 Vers 1200, les fenêtres sont plus grandes et les formes de détail plus élaborées.


Des corniches latérales à la hauteur des chapiteaux sont typiques, ainsi qu’une corniche terminant le bas de la fenêtre, sur toute sa largeur (Montclus, voir ci-dessous).

Les champs délimités par les arcs segmentaires de décharge étaient occasionnellement encadrés eux aussi par une corniche profilée en conséquence (Hôtel de Piolenc à Pont-Saint-Esprit, Tour d’Alençon/Drôme).

A la même époque, les colonnes se font généralement plus minces. Au 13e siècle tardif, cette forme globale n’a pratiquement pas changé; les fenêtres terminées par des arcs brisés surbaissés s’imposent cependant (par ex. Montclus).

De véritables fenêtres ouvragées ainsi que des fenêtres rectangulaires n’apparaissent qu’au 14e siècle (donjon à Saint-Laurent des Arbres ou au Château de la Gaffière, près de Bollène).


1 Les signes se trouvent sur les blocs à bossage insérés seulement dans les angles de la tour d’habitation, conservée de manière rudimentaire. Les encadrements des fenêtres (une fenêtre trilobée simple et une fenêtre rectangulaire en trois parties) sont chanfreinés.

- Un exemple situé plus au Sud est la tour Saint-Gabriel (Bouches-du-Rhône), remarquable à plus d’un titre, dont les blocs à bossage rustique portent plusieurs signes, entre autres un signe en forme de hache, qui se distingue nettement des signes en forme de lettres décrits ci-dessus ; voir Eydoux, (cf. note 17), p. 353. Déplorons ici aussi l’absence d’une enquête approfondie.

2 Pérouse, Césari (cf. note 9).


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